Cette phrase de Isaac Asimov (écrivain et professeur - 1920 Petrovitchi Russie - 1992 New York USA) pourrait être considérée comme une distorsion voire une anomalie dans notre monde actuel où tout “doit” être anticipé et planifié. C’est particulièrement vrai dans le monde de l’entreprise où l’on exige d’avoir une vision financière la plus précise possible, laissant a priori peu de place à l’improvisation. La planification est également la pierre angulaire des méthodologies de gestion de projet ; même les méthodes agiles visent à réduire toute improvisation découlant d’évènements imprévus, en découpant en phases courtes les développements.
Pourtant, rester inflexible et collé à la planification initiale représente aussi le risque de rater des opportunités.Néanmoins improviser ne signifie pas pour autant agir de manière désordonnée. Prenons deux exemples :
Les secouristes ou les pompiers sont amenés à improviser notamment en situation d’urgence faisant alors appel à une adaptation dans un contexte à chaque fois différent de gestes répétés maintes et maintes fois. L’improvisation est ici contrainte à la situation.
Les artistes et musiciens quant à eux ont la capacité d’improviser dès lors qu’ils maîtrisent leur pratique respective. A la différence du premier exemple, l’improvisation est choisie et libre.
Improviser revient à donner de la liberté à son imagination et à son inventivité à condition de respecter le cadre dans lequel on se place ainsi qu’aux objectifs poursuivis.
A l’instar des secouristes ou des artistes, le chef de projet peut être amené à improviser soit pour faire face aux situations de crises, soit pour intégrer des opportunités non prévues dans le plan de départ. Cela impose évidemment une complexité additionnelle dans la gestion du projet et il convient alors de trouver un compromis entre les bénéfices attendus et le coût ajouté d’un changement du plan initial.
Bien maîtrisée, l’improvisation devient une force car elle permet de s’adapter à toute nouvelle situation et d’en intégrer la valeur dans le projet avec un taux de perturbation minimum.
En revanche, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse. Vouloir trop improviser risque de créer le sentiment de défiance de l’équipe projet envers une gestion perçue comme mal contrôlée. La planification d’espaces d’improvisation à l’intérieur du projet permet aux équipes d’exprimer leurs idées et d’en faciliter la cohésion.
Le chef de projet doit savoir s’adapter aux aléas d’un projet et être capable d’improviser si le besoin s’en fait sentir mais à condition de respecter délais et coût ou tout au moins d’être à même d’expliquer les écarts consentis. La capacité à savoir improviser fait finalement partie intégrante de la gestion de projet et les méthodologies permettent de fournir les outils nécessaires pour recadrer les résultats dans le périmètre du projet.
Coécrit par Bruno Laude et Jean-Christophe Pautrat