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Cette phrase de Confucius, philosophe chinois (551-479 avant JC), peut sembler en contradiction avec nos manières de faire et de penser modernes où l'action et la rapidité de décision sont constamment mises en avant. Confucius nous suggère simplement de nous mettre en écoute active, sans émettre aucun jugement. Cette idée semble difficile à réaliser tant nous sommes conditionnés par différentes injonctions nous poussant à aller toujours plus vite, à raccourcir les délais et à utiliser la moindre parcelle de temps disponible. Pouvoir écouter sans jugement est difficile car le fait même d'interagir avec une autre personne est déjà en soi une possibilité ouverte au jugement.
Pourtant, c'est un exercice que nous faisons régulièrement et presque sans nous en rendre compte lorsque, par exemple, nous assistons à une conférence ou à un séminaire. Bien souvent, nous nous rendons compte du bénéfice de disposer d'un temps d'assimilation et de maturation permettant d'intégrer, de comprendre de nouveaux concepts et de les utiliser dans nos propres réflexions. C'est là où nous réalisons que l'imbrication d'idées différentes, parfois divergentes, dans la construction d' un raisonnement complexe, demande du temps.
Être sans jugement nécessite alors de faire abstraction de nos propres idées pour être à même de recevoir les idées d’autrui.
Dans un projet où le planning et les objectifs sont fixés au plus tôt, savoir rester ouvert à des "possibles" demande du courage et aussi d'en accepter les risques. Cet exercice d'écoute est néanmoins bénéfique au sein d'une équipe, car la force du collectif repose aussi sur les idées novatrices de quelques-uns comme en témoignent de grandes réalisations a priori inconcevables: l'édification des cathédrales, les pyramides d'Egypte, le mur de Chine, le voyage sur la Lune, .... L'absence de jugement devient un encouragement envers les autres à donner leurs idées sans crainte. Le leader devra être attentif à respecter les sensibilités et susceptibilités de chacun tout en sachant cadrer et équilibrer le ratio écoute versus action. Un exercice délicat mais pouvant s'avérer très profitable à titre individuel pour lui, pour les membres de son équipe ainsi que pour le collectif et qui pourra le cas échéant faire émerger des solutions à des problèmes complexes.
Coécrit par Bruno Laude et Jean-Christophe Pautrat
