Portrait de Bahiya SOUDJA : Elle mène les projets avec passion et engagement

Plus de 10 ans d’expérience dans la gestion de projet… Qu’est-ce qui vous a attirée dans ce domaine ?
Avec plus de 10 ans d’expérience dans la gestion de projets, mon parcours m’a permis de toucher à de nombreux rôles : ingénieure études et projets, cheffe de projet MOA, responsable innovation et Knowledge Manager, pour en arriver aujourd’hui à être cheffe de projets et de programmes. Ce qui m’a attirée dans ce domaine, c’est la possibilité de jongler entre la technique et le relationnel, d’évoluer dans des environnements variés et de travailler avec des équipes transverses.
Je suis polyvalente et adaptable, et c’est cette diversité de missions qui m’a permis d’élargir mes horizons. Travailler dans une ambiance conviviale, mais avec de la rigueur et de la persévérance, a toujours été essentiel pour moi. Le plus important reste cette dimension collective : réussir ensemble, en créant des solutions innovantes et en permettant à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice.
Pouvez-vous partager une expérience où vous avez dirigé avec succès un projet complexe, et ce qui a fait la différence dans sa réussite ?
Une expérience particulièrement marquante a été le projet que j’ai dirigé chez Equinix après mon arrivée en 2023. On m’a confié la mission de remplacer quatre groupes froids, essentiels pour refroidir les salles de données. C’était un défi ambitieux : une nouvelle entreprise, un nouveau projet, de nouvelles parties prenantes… et des délais très serrés.
Mais comme souvent dans ce type de projet, c’est la préparation et la capacité à fédérer qui ont fait la différence. J’ai pris le temps de rencontrer chacune des parties prenantes, de comprendre les besoins spécifiques des équipes et d’étudier l’état d’avancement du projet pour identifier ce qui avait déjà été fait et ce qu’il restait à accomplir. Cette étape m’a permis de bâtir des relations solides, basées sur la confiance, avec toutes les équipes impliquées.
Ensuite, il a fallu gérer une série de défis, à commencer par des délais très courts. Il ne me restait que trois semaines avant les premiers travaux. J’ai rapidement préparé et fait valider un document d’autorisation interne pour démarrer le projet. En parallèle, un détail avait été oublié par le prestataire concernant la disponibilité du service, ce qui aurait pu bloquer une étape clé. J’ai pris l’initiative d'identifier ce problème et de proposer une solution alternative, ce qui a permis de maintenir le projet sur les rails.
Le projet a aussi impliqué l’utilisation d’un nouvel outil de validation des travaux, ce qui a ajouté une couche de complexité. Mais après quelques ajustements, mon équipe et moi avons maîtrisé cet outil, et la gestion est devenue plus fluide. Grâce à une planification minutieuse, nous avons réussi à finir deux semaines plus tôt que prévu, sans retards ni dépassement de budget.
La gestion des opérations de grutage pour déplacer les nouveaux groupes froids a été un autre moment clé. C’était une étape délicate, mais grâce à une préparation minutieuse et une communication transparente avec les parties prenantes, tout s’est déroulé comme prévu.
Au final, ce projet a été une belle réussite collective. Je suis fière d’avoir pu gérer le budget de manière rigoureuse, livrer des résultats au-delà des attentes, et surtout, de voir mes parties prenantes apprécier ma capacité à fédérer, communiquer efficacement et rester impliquée sur le terrain, même dans les moments les plus critiques.
Comment avez-vous déployé votre leadership pour inspirer et motiver votre équipe afin de surmonter les défis et atteindre avec succès les objectifs du projet ?
Le leadership est essentiel dans la gestion de projet, surtout lorsqu’on travaille avec des équipes transverses. Pour motiver mon équipe, j’ai mis un point d’honneur à écouter activement chaque membre, afin de comprendre ses points de vue et de pouvoir réfléchir ensemble sur les solutions possibles.
Les échanges, qu’ils soient oraux ou écrits, ont été au cœur de ma stratégie. J’ai privilégié les échanges directs, en prenant le temps d’impliquer chaque personne dans le projet, de la responsabiliser et de la valoriser. Pour assurer la transparence et le suivi, des échanges écrits ont également été utilisés pour garder une trace des décisions prises et des avancées du projet.
Un autre élément clé de ma démarche a été l’encouragement et la reconnaissance. Chaque succès, petit ou grand, méritait d’être célébré. Et si des erreurs étaient commises, je m’efforçais de les analyser calmement, d’en tirer des leçons et de trouver ensemble des solutions. Cette approche a permis de maintenir une dynamique positive et respectueuse, même dans les moments de stress, tout en assurant un climat de travail bienveillant et productif.
Quelles stratégies avez-vous mises en place pour engager les parties prenantes et assurer une communication efficace tout au long du projet ?
La gestion des parties prenantes est une étape cruciale dans chaque projet. Je la vois comme une stratégie « customer-oriented », où il est essentiel de bien comprendre les attentes de chaque acteur. Pour cela, je commence par réaliser une cartographie des parties prenantes, en identifiant leurs besoins et attentes et en définissant leurs rôles dans le projet. Cela me permet de mieux organiser la communication et de savoir exactement quoi, quand et comment communiquer avec chaque personne.
Une fois cette analyse faite, je mets en place un plan de communication adapté. Cela inclut une réunion de lancement « Kick-off » pour aligner toutes les parties prenantes sur les objectifs du projet, le budget, les ressources et le macro-planning. Selon les besoins, la fréquence et les canaux de communication sont ajustés : les acteurs directs sont impliqués régulièrement via des réunions et des échanges, tandis que les parties prenantes plus éloignées reçoivent des informations clés à des moments stratégiques du projet.
Dans un projet, les imprévus sont inévitables. Pouvez-vous nous raconter une situation où un obstacle majeur est survenu, et comment vous avez su surmonter cette crise tout en maintenant la dynamique de votre équipe ? Quelles stratégies avez-vous mises en place pour affronter ce défi et quelles leçons en avez-vous tirées ?
Les imprévus font partie intégrante de tout projet, et la gestion des risques est une compétence essentielle. En amont, j’effectue toujours une analyse des risques avec l’équipe, en identifiant les difficultés potentielles et en mettant en place des plans d’action pour y répondre. Comme le dit l’adage, « il vaut mieux prévenir que guérir ».
Cependant, des crises imprévues peuvent survenir, et dans ces moments-là, il est important de garder son calme et de mobiliser l’équipe. J’ai souvent adopté une approche collaborative, en allant sur le terrain, en écoutant les points de vue des différents membres, et en réfléchissant ensemble aux solutions possibles. Lorsqu’il le fallait, je prenais des décisions rapides et communiquais clairement les actions à entreprendre. Ce climat d’écoute et de transparence permet de résoudre les crises de manière plus sereine et efficace.
En quoi votre approche en tant que femme chef de projet diffère-t-elle ou complémente-t-elle celle de vos homologues masculins, et comment cela a-t-il contribué au succès de vos projets ?
Je crois que la gestion de projet repose avant tout sur les compétences personnelles et la personnalité de chaque chef de projet, bien plus que sur le genre. Toutefois, mon parcours, en tant que femme, m’a permis de développer une approche interpersonnelle forte, qui se reflète dans ma capacité à fédérer les équipes et à instaurer un climat de confiance.
Un projet réussi, pour moi, ne se limite pas simplement à respecter les délais, le budget et les objectifs. Un projet réussi, c’est aussi celui où les parties prenantes sont satisfaites de la collaboration et veulent retravailler avec moi. Ce relationnel, cet engagement, et cette capacité à instaurer un environnement bienveillant ont été des atouts précieux tout au long de mes projets.
Réflexion finale :
J’ai découvert ce concours un peu par hasard, en m’abonnant à la page LinkedIn de l’organisateur, et je suis ravie d’avoir eu l’opportunité de participer. Tout au long de ma carrière, j’ai eu à défendre la gestion de projets face à des carrières plus techniques. Il n’a pas toujours été facile de faire comprendre que ce métier est non seulement polyvalent mais aussi essentiel. Mais j’ai persévéré, car je crois profondément en l’importance de ce rôle. Aujourd’hui, je cherche à transmettre cet engagement, à inspirer les jeunes et mes collègues à voir la gestion de projets sous un autre angle. C’est un métier de « couteau-suisse » qui permet de travailler avec des équipes diverses, de mener des missions variées et, surtout, de voir les résultats tangibles de nos efforts.
Originaire de la Réunion, j’ai grandi dans un environnement riche de diversité culturelle. Cela m’a énormément enrichie, tant sur le plan professionnel que personnel. Travailler avec des personnes aux parcours variés est devenu la base de ma manière de travailler. Cette diversité est une véritable force, et c’est ce qui me motive à continuer à évoluer dans ce métier avec passion et détermination.