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Pôle de Lyon | Retour sur la conférence L'art d'anticiper l'Inattendu | 23 Sept 2025

  • 25 oct. 2025
  • Rhône Alpes Rhône Alpes
Pôle de Lyon | Retour sur la conférence L'art d'anticiper l'Inattendu | 23 Sept 2025

Anticiper l’inattendu : un paradoxe apparent qui, pourtant, définit l’essence même du management des risques. À l’occasion de la conférence organisée le 23 septembre, trois regards complémentaires se sont croisés 

  • celui d’Orange sur la cybersécurité, 
  • celui d’ATMO Auvergne Rhône-Alpes sur la qualité de l’air,
  • et celui d’ACROME sur la transposition des sports extrêmes au management de projet.

1. Un échauffement révélateur
Avant d’entrer dans le vif des interventions, les participants ont répondu à un questionnaire d’échauffement. Cette enquête a permis de prendre le pouls de la salle et de révéler plusieurs tendances intéressantes.

  • La perception du risque : La majorité des participants considèrent le risque comme une composante naturelle du projet. Cette vision traduit une maturité : le risque n’est pas rejeté comme une menace extérieure mais reconnu comme un paramètre normal à intégrer. Quelques répondants y voient même une opportunité à saisir, révélant une posture proactive où l’incertitude peut devenir un levier de valeur. Les positions minoritaires (menace à éviter, contrainte) montrent qu’une partie du public reste sur une perception défensive. En résumé, le groupe se situe majoritairement dans une posture d’acceptation constructive du risque.
  • La surveillance des risques : Les réponses mettent en avant la communication comme outil central : maintenir une discussion ouverte avec les parties prenantes arrive largement en tête. Cette tendance illustre combien la gestion des risques n’est pas seulement affaire de méthodes ou de tableaux Excel, 
    mais repose sur la relation et la vigilance collective. Le plan de suivi régulier et les indicateurs de déclenchement sont également cités, traduisant une 
    volonté d’outiller et de structurer la démarche. On voit émerger un équilibre entre dimension humaine (dialogue) et dimension méthodologique 
    (plans et indicateurs).
  • Les métaphores sportives : Le choix du freeride comme sport le plus représentatif souligne l’idée d’adaptabilité permanente face à un environnement mouvant. L’escalade, deuxième en fréquence, met en avant la préparation minutieuse et la nécessité d’anticiper chaque prise. Le rugby illustre le 
    rôle du collectif, tandis que le trail évoque l’endurance et la gestion du temps long. Ces métaphores révèlent une compréhension fine : la gestion des risques est multidimensionnelle, entre agilité, anticipation, coopération et persévérance.
  • Les « déformations professionnelles » :Les réponses humoristiques montrent que les réflexes de gestion de projet s’invitent jusque dans la vie personnelle : rétroplannings pour les week-ends, identification des parties prenantes à un dîner, registre des risques pour les vacances ou encore daily
    meeting avec les enfants. Cette dimension légère traduit en réalité une appropriation profonde des pratiques : les chefs de projet vivent leur métier au quotidien et projettent leurs méthodes dans d’autres contextes.


2. La cybersécurité : transformer la menace en outil d’aide à la décision

  • Ludovic Gallezot, Orange, a rappelé combien les menaces évoluent vite : cyberattaques étatiques, espionnage, hackers « à la demande », explosion des cibles et durcissement réglementaire. 
  • Dans ce contexte, la méthode EBIOS Risk Manager s’impose comme un cadre stratégique. Elle structure l’analyse en cinq ateliers – de l’identification des sources de risque à leur traitement – et permet d’objectiver des choix souvent perçus comme techniques.
  • L’enseignement clé : le risque n’est pas seulement un coût évité, c’est surtout un outil d’aide à la décision. Documenter les scénarios, chiffrer les impacts potentiels, prioriser les mesures… autant d’éléments qui permettent de défendre un budget, d’arbitrer une orientation technologique, ou d’aligner dirigeants et opérationnels.


3. La qualité de l’air : un miroir des risques projet

  • Raphaël Desfontaines, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, a élargi le spectre avec la gestion des risques abordés sous l’angle de la maitrise de la qualité de l’air. Ici, deux dimensions se complètent : le risque accidentel (incendies industriels, rejets toxiques) et le risque chronique (pollution de fond, émissions 
    diffuses).
  • Cette distinction éclaire directement le management de projet :
    • Les risques accidentels ressemblent aux incidents majeurs dans un projet (rupture fournisseur, faille technique critique). Ils nécessitent une cellule de crise, des scénarios préparés et une capacité de réaction immédiate.
    • Les risques chroniques rappellent les dérives lentes et insidieuses des projets (dérive des délais, démotivation progressive de l’équipe, dépendances mal gérées). Ils demandent un suivi continu, une vigilance quotidienne et des indicateurs fiables.
    • Dans les deux cas, la clé est la même : mettre en place un dispositif permanent de surveillance et de communication. ATMO dispose d’astreintes 24h/24, de partenariats avec les pompiers et d’outils de modélisation ; en projet, cela correspond aux instances de gouvernance, aux reporting réguliers et à la transparence envers les parties prenantes. Le parallèle est clair : sans dispositif structuré, on découvre le problème trop tard et on subit au lieu de piloter.


4. Le parallèle avec les sports extrêmes : planifier, adapter, décider
 

  • Maxime Bérard, ACROME, a proposé une transposition inspirante : celle du canyoning ou du ski freeride appliqués au projet. Dans ces environnements, le risque est omniprésent mais jamais subi. 
  • Quatre enseignements clés émergent pour la gestion de projet :
    • 1. Planifier avec une attention particulière sur l’environnement : comme on analyse la météo et la géologie avant de descendre un canyon, le chef de projet doit scruter le contexte économique, législatif, concurrentiel et réaliser une analyse profonde des parties prenantes clés.
    • 2. Prévoir des plans B et D grâce à de véritables cartes de manœuvre, sans se perdre dans des détails techniques : l’important est d’avoir des alternatives claires si le chemin prévu se ferme.
    • 3. Réaliser des stress tests : répéter les scénarios critiques, simuler la perte d’un fournisseur ou le retard d’un jalon pour ancrer les bons réflexes pour rendre les plans de mitigation opérationnel et non plus théorique.
    • 4. Créer un climat de confiance et de transparence : cultiver la communication continue, le feedback et le respect mutuel, qui sont la meilleure protection face à l’imprévu.

Pour finir, en chinois, le mot crise (危机) associe deux idéogrammes : danger (危) et opportunité (机). C’est peut-être la meilleure synthèse de cette conférence : chaque crise porte en elle un double visage, et c’est notre capacité d’anticipation qui détermine lequel nous verrons apparaître

Un fil rouge : du risque à l’opportunité

Finalement les trois interventions, enrichies par l’échauffement collectif, convergent : 

  • gérer les risques, ce n’est pas les supprimer, c’est accepter l’incertitude et s’y préparer.
  • C’est passer d’une posture défensive à une posture proactive où chaque aléa devient une occasion d’apprendre, de renforcer la résilience et parfois même de saisir de nouvelles opportunités.
     

Maxime Bérard, À partir des conférences et du questionnaire proposé aux participants

Focus sur les intervenants
 

Focus – ATMO Auvergne-Rhône-Alpes
ATMO Auvergne-Rhône-Alpes est l’organisme agréé par l’État pour surveiller et informer sur la qualité de l’air dans la région. Association loi 1901, elle réunit près de 245 membres (collectivités, industriels, associations, services de l’État) et dispose d’un réseau de stations fixes et mobiles, appuyé par des outils de modélisation et de prévision.

Ses missions sont triples :

  • Mesurer et objectiver la qualité de l’air en temps réel, avec une surveillance 24h/24 et 7j/7.
  • Informer et accompagner les décideurs publics, les industriels et les citoyens grâce à des bulletins quotidiens, des scénarios prospectifs et des outils numériques (application Air to Go, Signal’Air).
  • Intervenir en cas de crise : épisodes de pollution, incidents industriels (ex. Lubrizol), ou suivi post-accidentel. ATMO dispose pour cela d’une astreinte permanente et d’un partenariat renforcé avec les pompiers.


Son rôle dépasse la simple mesure : ATMO transforme la donnée scientifique en aide à la décision stratégique. Elle contribue à protéger la santé publique, à accompagner les politiques locales et à renforcer la résilience face aux risques environnementaux.


Focus – Ludovic Gallezot

Ludovic Gallezot, expert cybersécurité chez Orange, accompagne depuis plusieurs années les organisations dans la maîtrise de leurs risques numériques. Son intervention lors de la conférence « 
L’art d’anticiper l’inattendu » a mis en lumière la méthode EBIOS Risk Manager (EBIOS RM), cadre de référence de l’ANSSI qui permet d’identifier, hiérarchiser et traiter les menaces cyber.
Dans un contexte où les attaques se multiplient (+15 % en un an), où les chaînes d’approvisionnement deviennent des cibles privilégiées et où les réglementations se durcissent (NIS2, souveraineté numérique…), il défend une approche claire : le risque cyber n’est pas seulement un sujet technique, mais un outil d’aide à la décision stratégique.

Focus – Maxime Bérard
Maxime Bérard, co-fondateur d’ACROME et certifié PMP, accompagne les organisations dans le management de projets et la gestion des risques. Consultant, formateur et conférencier, il puise son inspiration dans les sports de montagne extrêmes : plus de 100 canyons descendus, plus de 75 courses de ski freeride, alpinisme, escalade, trail… autant de terrains où l’incertitude est la règle.

  • Auteur en préparation, il rédige actuellement un livre qui transpose ces expériences sportives au management de projet. Ses récits et enseignements sont à suivre régulièrement sur LinkedIn, dans la série « L’épreuve du réel ».
  • Son message : « Le management des risques n’est pas une contrainte mais un levier : il transforme l’incertitude en énergie créative et collective. »
  • À travers ACROME et le programme Moov’Up, Maxime Bérard poursuit un objectif : aider les professionnels à renforcer leurs compétences, à mieux anticiper l’inattendu et à transformer chaque projet en terrain d’apprentissage.
  • Plus de conférences, de la même série : www.acrome-projets.com/maxime-berard

 

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